Des recherches-action ont été menées par les deux universités de Bruxelles, et celles de Liège et Anvers. Le docteur Michel NEVEN, pédiatre à Bastogne, participait à ces travaux et a constitué et mené dans la province un groupe de travail afin d’établir une asbl d’abord nommée « Prévention et traitement, dans la province du Luxembourg, des mauvais traitements et négligences à l’égard des mineurs d’âge ».
Lors de l’assemblée constitutive à Libramont le 16 décembre 1983, portée par 62 signataires, la dénomination définitive a été adoptée, l’ALEM soit « Action Luxembourg Enfance Maltraitée » (voir statuts), et 10 administrateurs ont été désignés, qui se sont réunis le 15 février 1984, ont constitué le bureau, pour se réunir ensuite mensuellement. Michel Neven est resté, en qualité de secrétaire du CA, la cheville ouvrière jusqu’à son décès 9 ans plus tard.
Etait de constituer quatre groupes locaux de prévention, et une équipe multidisciplinaire permettant une réflexion sur les situations de maltraitances auxquelles étaient confrontés les travailleurs sociaux, principalement les infirmières sociales de l’ONE. Cela n’avait pas un cadre juridique précis, ni aucun caractère obligatoire pour qui que ce soit, n’assurait aucune action directe sur le terrain, mais s’efforçait de coordonner les services psycho-sociaux existants.
Lorsque les équipes très largement pluridisciplinaires SOS-Enfants ont été créées officiellement par le décret du 29 avril 1985, lequel fut adapté et complété par le décret du 12 mai 2004 qui le remplace et est toujours en vigueur (voir textes des décrets), l’ALEM a tout naturellement constitué en son sein l’équipe SOS Enfants de la province, devenue véritablement spécialiste grâce à de nombreuses formations continues.
L’ALEM a également créé en 1993 une équipe anténatale, BéBé ACCUEIL, qui s’est muée en équipe périnatale.
En 1983, la maltraitance des enfants était peu connue. A part l’équipe du Docteur Hadelin HAINAUT à Montegnée, peu étaient spécialisés en la matière, et travaillaient pluridisciplinairement.
Il nous a fallu faire admettre aux praticiens que les blessures des enfants n’étaient pas toujours accidentelles, et qu’il fallait concevoir l’inconcevable. Nous avons donc donné de nombreuses informations et formations, rencontré les médecins, les enseignants, les intervenants de tous ordres pour qu’ils soient réceptifs, et faire connaître notre existence et notre rôle, à la fois de prévention, mais aussi thérapeutique.
En près de 40 ans, les choses ont évolué : meilleure connaissance du phénomène, affinement des approches, collaborations nombreuses, mais aussi complexification des maltraitances.